Compagnie aime l'air

L’Atelier du compositeur

Assis ou debout ? Sans les mains ou avec les oreilles ? La nuit ou le jour ? Andy Emler vous dit tout sur son travail de composition.

As-tu besoin de te retirer pour composer, dans le calme ? Être dans le mouvement ?

Ecrire de la musique ou trouver des idées fait parti d’un exercice quotidien : faire marcher ce petit muscle du cerveau qui s’appelle créativité. Comme les sportifs, il faut s’entrainer tous les jours même s’il n’y a pas de compétition.
Donc quelque soit l’endroit : dans un train, en avion, sur une terrasse de bistrot ou seul à la maison, tous les environnements peuvent susciter des idées. Le petit carnet à portées me suis partout, ne me lâche jamais car la musique est, et reste dans la tête 24h sur 24 même la nuit… Argh ! Grrrrr ! Enfer et damned !

Est-ce que tu composes sur papier ? sur ordi ? avec le piano ?

Il semblerait que j’ai ce qu’on appelle une bonne oreille intérieure. Elle me permet d’entendre les sons, les timbres, les notes ou accords ou autre contrepoints en écrivant “sur table“. Il m’est arrivé – mais c’est quand même rare – d’écrire une pièce de A à Z sans toucher un piano. Sinon j’aime bien travailler au piano pour composer (comme disait Igor Stravinsky, un jeune qui monte – rires).

As-tu des images mentales ? Déroules-tu un film que tu mets en musique ?

On peut aussi mentalement, dérouler le squelette d’un programme à écrire avant de rentrer dans le détail. Penser la forme, le synopsis. Penser à ceux qui vont jouer la partition. Parfois on écrit sans savoir si cela servira tel ou tel projet mais comme je disais au dessus pour « l’entrainement ».  
Tout moment émotionnel peut servir de catalyseur pour composer : images, situations, dialogue, réunions (réunionnite à la française) ou l’on se fait chier pendant 3h pour prendre une décision qui prendrait 20mn et ensuite tu écris un Requiem ou une ballade triste, macabre – rires. Et Camille (Janodet)  t’appelle avec une bonne nouvelle et là…tu sors du tunnel et tu réveilles la vie en toi et ça gratte, ça gratte un max…

Lorsque tu composes pour le trio, échanges-tu avec les deux autres pendant l’écriture ?

Le trio est un bon exemple de mon fonctionnement
1 – tu as envie de nouvelles musiques avec le groupe.
2 – tu décides des jours de répétition puis tu boucles le studio pour l’enregistrement : tu n’as pas encore écris une note… C’est comme si je me passais une commande avec date et échéancier.
3 – tu demandes aux potes ce qu’ils aiment dans ce trio et si il y a des demandes particulières : pour le prochain j’ai demandé à d’autres amis qui aiment ce trio ce qu’ils y trouvent (Dave Liebman , Camille Janodet, Claude Tchamitchian, Eric Echampard et d’autres amis fans).
4 – quelles sont nos recettes propres en terme de musique à 3 et faut il les réutiliser ou non.
5 – tu proposes quelques pistes dans une répétition puis tu remanies et écris.
6 – Le travail à 3 pour finaliser ou améliorer en toute bonne démocratie les propositions lors d’une résidence. Puis concert de création

Y a t’il un programme particulier les jours où tu composes ?

Mes journées sont une continuelle recherche de sources d’inspiration. 
Comme je l’ai dit plus haut mon “neurone“ musical est constament en éveil 
lorsque tu entends d’autres musiques (même hélas ces musiques industrielles qui nous envahissent et nous polluent…), lorsque tu lis un bon livre, lorsque tu es devant une télé à regarder du sport ou dans un lieu public. On se nourri continuellement de l’environnement visuel, sonore et bien entendu essentiellement de moments partagés avec d’autres . L’humain, les relations restent une nourriture essentielle à toute forme de créativité ou de « cherchitude ».
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